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Les Nouvelles de la Colline
20 juillet 2008

de mèche (lu)

----- Message -----
Estelle Jacquet-Prior a écrit dimanche 20 juillet 2008 à 07:24 am
Objet : Claire Pietra et plancher, tous deux parlent

nos_mots__jeannot

Document publié dans la presse. Montage photos (quatre détails), à partir de
3 panneaux de bois gravés (exposition urbaine par-devant Hôpital Sainte Anne, Paris),
accrochage vertical, avec pied métallique et coffrage de verre (type mobilier Decaux).

 

nos mots, Jeannot

Texte : Claire Pietra. Conception : Rédac’Orfil
Musique d'après Tom Waits
 

nos mots, Jeannot

et si je trouve les mots de Jeannot, 
peut-être, trouverais-je les miens 
pourrais-je lire, qui sait, les tiens ? 
mais il dit quoi, Jeannot ? il dit : 

mon lit, c’est un donjon 
entouré de la douve profonde, 
creusée par mes propres mains 
avec acharnement, il dit : 

je suis Vauban, je fortifie ma citadelle 
à quatre pattes pour la rendre imprenable, 
je me protège, par l’infranchissable fossé de ma souffrance, 
d’un monde par trop incommuable, il dit : 

je poinçonne mon sol, 
je lamine contre la prochaine hostilité 
de germaniques invasions inévitables ; 
avec tous les petits trous de la chanson 

moi, Jeannot, je cause cunéiforme ; 
de cette écriture primale pour extraire les maux de l’origine, 
graffitée par un ratier sur le plancher de ma solitude, 
je sonde, jusqu’à l’infini, ma mine, il dit : 

en enfer, c’est une rivière incandescente, 
elle enchâsse un des rochers-lits escarpés de Dante 
sur lequel, damné de l’inutile comédie, 
je m’accroche, il dit : 

des limbes océaniques, 
entre les cornes du caprin, 
le souffle tenace sur les cordes tendues par un sauvage 
fait résonner les sensations caves de mon crâne, il dit :

entendez-vous ce vent vibrer 
à travers la multitude des trous de ma flûte-parquet 
juste au-dessous de mon corps allongé ? 
je vais me coucher

je plonge dans le causse racleux mes plantes de pied ; 
la caresse confirme, active, la carte perforée 
d’un système binaire, complexe et sophistiqué ; 
c’est la partition musicale retranscrite sur les cartons d’orgue 

je la rejoue à chacun de mes passages obligés ;
je m’allonge, et depuis l’oreiller, je jauge Styx ;
la menace file-là, tranquille,
la brasse paisible, il dit :

c’est mon Danube devant Zemun ; 
avec ma longue vue, tout en haut de la tour de garde, 
je scrute l’arrière-pays, par-derrière la crénelure ; 
les garnisons oublieuses et avinées sommeillent en bas dans le marais 

aux aguets, sur l’avant-poste de Beograd, marche de la chrétienté,
juché sur mon cénotaphe, armé de ma seule corne de brume,
vigilant, j’alerte le quidam en cas de mouvements suspects
dans la tumultueuse marée de joncs alentours, il dit

les interminables alignements de ronds dans les encres brunes de Vincent Van Gogh
interrompent les radicales rangées de traits ; ses paysages japonisants,
comme mes incantations maléfiques, pour l’inexpert abusé, falsifient la redoutable trace
des impacts en mitraille, innombrables et puis il dit :

la chambre, la chambre close, 
mon ultime refuge à moi, avant la mort : l’antichambre ;
je me lève à pas d’heure, mes pieds nus, aussitôt, 
replongent dans l’œuvre en cours mais dans ce cours de l’œuvre

à la chute du sommier, je retombe dans le flux du lit magistral ;
immuable, mon écriture est toujours là,
aux quatre pieds du lit, comme ma douleur,
inaltérable, il dit :

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Commentaires
P
----- Message ----- <br /> <br /> Pad a écrit mercredi le 7 octobre 2015 à 10:17 am<br /> <br /> Objet : qu’en dire de plus<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> La somme de ces questions, qui parvient à la rédaction, pourrait éventuellement se résumer en une seule. Car toutes, ou presque, réclament avec insistance quelques précisions quant à nos mots, Jeannot. Qu’en est-il de sa forme ?, et le fond ? Certes, personne ne somme quiconque de répondre mais - Poète, parce que je ne te suis pas vraiment, explique-toi une bonne fois pour toute. Sans trop d’effort, la formule cependant franchit les lèvres de visiteurs. <br /> <br /> <br /> <br /> Sans faire injure à la créativité de Claire, ni même trop trahir sa démarche artistique, et parce que les demandes de sens sont formulées avec tact et talent, je m’efforce donc là, aussi brièvement qu’il est raisonnable de concevoir pareille réponse, de satisfaire l’attente.<br /> <br /> <br /> <br /> Quand Soren définit, lui, le style du poème telle une litanie. En quelque sorte, un chant psalmodié, comme s’il est d’essence religieuse – une prosodie en somme, et non un slam, afin de demeurer fidèle à certain langage poétique. Parce qu’un rituel est en cours, tel que celui se déroulant devant nous, ce sentiment ne peut échapper à quiconque, serait-il même faiblement attentif. Je rajoute alors de mon côté, sans rien enlever à cet éclairage de tantôt, que j’y vois très objectivement comme une danse. Certes, d’un type particulier. Et, dorénavant, à propos de laquelle je m’explique.<br /> <br /> <br /> <br /> Claire, selon moi, ne traduit ni ne prétend imiter les délires de Jeannot. Mais, à la place de celui-ci, donne corps aux propres monstres qui, chez elle, l’agitent. Ceux que, chacun d’entre nous, nous enfouissons ordinairement afin, ainsi le pensons-nous, de vivre au mieux avec nous-mêmes et cohabiter non loin des autres. Alors s’entend une voix qui montre les mouvements d’un personnage, lui s’articulant dans une chorégraphie, un corps se mouvant, autour d’un lit, par-dessus un plateau aussi. Puis dedans et même par-dessous ce sol. C’est enfin le son, la musique de cette voix, qui donne alors forme, intelligibilité, à quelque attitude en apparence démentielle.<br /> <br /> <br /> <br /> Ainsi ces mots-là, deviennent-ils, à leur manière, les miens, les nôtres pour certains d’entre nous. Quatrain après quatrain, ceux-ci créent de courtes séquences, une succession d’intenses saynètes. Qui chacune détermine un nouveau cycle, une nouvelle crise, à l’image chaque fois d’un nouveau théâtre dansé. Cette dernière, plan après plan, découpe, tel un programme, le quotidien du danseur. Et donc celui du graveur.<br /> <br /> <br /> <br /> Voilà donc, celui que Claire nomme Jeannot, confronté à une série d’épouvantes qu’il parvient, à force de trous semble-t-il, à domestiquer. Ainsi le voit-on, comme pris dans une Tentation de Saint Antoine (Flaubert), luttant contre ses cauchemars, chahutant vertigineusement autour de lui-même ou agissant non point hors de lui mais comme en communion avec tous les éléments qui le constituent. Tour à tour, le combat, ou les défis, se déplacent depuis l’écriture-eau, la douve du château, les fleuves, le marais, etc. Vers l’écriture-feu, ensuite, celle des luttes entre peuples (où apparaissent, ici, les guerres mondiales à répétition, là, les conflits séculaires des Balkans, plus loin, les laves de l’Enfer (Dante), etc. Puis l’écriture-air, lorsque le vent, par exemple, traverse le plancher comme le souffle dans les trous de la flûte, ou bien la musique produite par l’instrument, le crâne, à corde et à vent, de Vendredi ou les Limbes du Pacifique (Michel Tournier) mais aussi, menaçant, le ciel autour du poste de garde, etc. Enfin, l’écriture-terre, avec le sol rugueux, comme un causse, qui, à cause de tous ses creux, lui racle la plante des pieds, les rochers de la Divine Comédie (Dante, encore) ou bien la citadelle et ses fortifications (Vauban), etc.<br /> <br /> <br /> <br /> En fin de compte, idées, images, actions, au travers de ces mots que ceux-ci portent en eux et qu’ils décrivent comme autant de courts métrages, il se découvre, là, comme la figure d’un danseur de butō. De celui-là même, à la fois soumis aux dévastations du monde et témoin de nos terreurs. Et qui, parce qu’il les nomme, leur désignant ainsi une forme, de ce fait les contient. Puis, les dépasse, avec art, les surmonte.<br /> <br /> <br /> <br /> Paradoxe de l’écriture, notez bien. En effet, lorsque Soren, qui est sourd comme un pot, lui n’entend, là, que musique et chant. Quand, pour ma part, moi qui suis myope comme une taupe, je ne décris que sensations visuelles, tel que cinéma, danse et théâtre. Sans trop s’écarter de nos mots, Jeannot, et son réseau de sens, si le commentaire toutefois répond, du moins partiellement, aux interrogations qui parviennent à Rédac’Orfil. Et bien que cette tentative de réponse en suscite probablement d’autres. Qu’en conclure, alors, autre : Que vive la poésie ! <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Ps : Remerciements particuliers, adressés à SurfeurHR qui lui se reconnaîtra.
S
----- Message ----- <br /> <br /> Soren a écrit mardi le 6 octobre 2015 à 18:27 pm<br /> <br /> Objet : Claire Pietra et plancher de Jeannot, tous deux, me disent<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> (À l’attention du soldat, de celui-ci qui venait à lui afin de le transpercer au fil de son épée :<br /> <br /> - Ne dérange pas mes cercles, lui déclara, en guise de salut, Archimède, avant de mourir).<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> À propos de Jeannot, de son plancher. Et de ce chant, en forme de litanie, qui leur est consacré, lui écrit par Claire Pietra, Depuis que leur commune existence est mentionnée dans un article qui a été posté par mes soins sur un certain forum, l’administration des Nouvelles de la Colline signale elle un engouement concernant l’œuvre : nos mots, Jeannot. Et l’auteure en question, Claire Pietra.<br /> <br /> <br /> <br /> Cette dernière, apprenant le soudain succès dont elle est l’objet, a procédé, telle une prévenance, à une retouche concernant l’écriture. Aucun bouleversement en vue, rien de plus qu’un toilettage de surface. Une façon, pour elle, d’accueillir l’hôte avec la considération qu’elle lui doit. Mais aussi envers elle-même et ces mots-là.<br /> <br /> <br /> <br /> Tandis que Pad, le modérateur de ce présent blog, informé par les réactions et sollicitations des visiteurs, découvre alors que cet afflux de connexions provient pour la plupart d’un même site. Dont, la vocation, précision ainsi faite, n’est a priori pas la poésie. Qu’à cela ne tienne, Rédac’Orfil aussitôt me contacte et Pad demande alors que je rédige, à l’attention des Nouvelles De La Colline, un autre article de présentation. Qui, selon son souhait, s’apparenterait, quant à son contenu, à celui que j’aie déjà posté, là, sur cet autre forum. Dont je dirai un mot plus bas.<br /> <br /> <br /> <br /> Considérant pour ma part que la poésie n’a absolument pas à s’expliquer encore moins à se justifier, j’accède néanmoins à la demande qui m’est faite à la condition que ma communication ne dérange en rien ni publication ni espace d’origine. Parce que son objectif ne contient aucune prétention, ni les moyens de tous ordres d’ailleurs, autre que celle de faire savoir, un peu plus. C’est ainsi qu’il est convenu que l’intervention aura lieu sur la ligne de commentaires. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> nos mots, Jeannot, de quoi s’agit-il, là ? Quand bien même nombreux seraient déjà au courant, un détail seulement, un fait, un de plus, réclament-il d’être révélés ? Voilà donc nouvelle babiole ?, à déballer avec soin. Texte, récit, bavardage inédit ? Ou bien délicate humeur ?, qui habite en moi depuis longtemps. Voilà assurément une perle, me dis-je – celle-ci en premier lieu est consacrée à Jeannot et son plancher. Voici singularité à laquelle je suis étroitement relié – à son histoire, à celle aussi des gens qui l’accompagnent. Que je juge enfin si précieuse. Au point de la faire connaître sitôt que l’occasion m’est offerte. Là, sur La Colline ou bien sur H-R, cet autre site qui l’a accueilli avant ça. <br /> <br /> <br /> <br /> Plus qu’autre part ailleurs… c’est ainsi que mon article débutait, ici sur H-R où nombre d’entre nous, mieux que d’autres personnes, paraissons les interlocuteurs les plus à même d’en comprendre pertinence et beauté. Tout à l’heure, nous verrons, c’est entendu, en quoi cet avant-propos colle sans défaut à la réalité de ce site… plus qu’autre part ailleurs.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> D’ores et déjà, avant d’introduire son auteur – Claire Pietra –, et ainsi comprendre les enjeux en présence, que chacun sache combien la démarche de celle-ci est ambitieuse, certes, mais non-professionnelle. Je m’empresse de le signaler à l’attention de chacun afin que nul – sinon le moins possible – ne s’égare en chemin. Et, avant même de proposer une entrée dans l’œuvre de cette personne – nos mots, Jeannot –, Jeannot de qui s’agit-il ?, se demande-t-on sans attendre. En effet, qui est Jeannot ? Que possède-t-il donc de si étonnant pour qu’il attire vers lui pareille créatrice de mots. Mais, aussi, pour qu’il suscite l’intérêt chez tant d’autres gens, si longtemps après son existence. Que contient, en fin de compte, ce plancher de si remarquable ? Et pour qu’il soit porté à la connaissance des ND La Colline, et ses occupants, discours qui s’y rattache.<br /> <br /> <br /> <br /> Afin d’éclairer au mieux la curiosité du visiteur, comme lors d’une chasse au trésor. Parce qu’itinéraire à suivre est jonché de pièges et d’inconnues, permettez alors que j’occupe la fonction de pisteur. Début du parcours, Étape Une, telle que, il était une fois, un parquet et son graveur sur bois... <br /> <br /> <br /> <br /> Durant plus de quatre décennies, l’un – quelques lames de bois couchées au sol – a conduit beaucoup de monde, jusqu’à aujourd’hui, à connaître la créativité de l’autre – Jeannot, cet anonyme depuis lors célèbre. Au début, donc, il se trouve, isolée dans le sud-ouest de la France, une ferme. Dans laquelle vit, jusqu’à l’orée des années soixante-dix, un homme connu seulement sous le sobriquet de Jeannot. Presque un pseudo, non ? Cela ne rappelle rien ?, à personne ?<br /> <br /> <br /> <br /> À l’époque où s’active encore celui qui actuellement nous réunit, le premier et principal personnage du scénario en somme, celui-ci grave le sol de sa chambre à l’aide d’outils, eux, selon toute vraisemblance, des plus simples. Tel un poinçon, d’abord, qui, plutôt que tout autre instrument de forage, évoque davantage un clou de charpentier. Probablement, aussi, marteau. Et ciseaux à bois peut-être. Chignole, bien qu’incertaine, mais dont la présence n’est pas à exclure. Voilà l’outillage que possède Jeannot de façon presque vérifiable. Clou et marteau. En dehors de ça, aucun autre attirail d’artisan, ni de bricoleur, ne semble intervenir au cours de son activité. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais, précisément, quelle est donc cette activité-là ? En l'occurrence, Jeannot, que fait-il ? De prime abord, Jeannot fait des trous, des p’tits trous, toujours des p‘tits trous. De place en place, il creuse minutieusement la surface du plancher qui entoure son lit et, par-dessous celui-ci, au-delà de la couche. Parce que les trous forment d’abord des lettres, puis des mots, ensuite des embryons de phrases, Jeannot entreprend alors de recouvrir, comme un graphisme all-over, la totalité du sol avec son écriture. Tel ainsi le membre d’un site, intervenant unique et permanent de son propre forum, il s’agit pour lui, mais sans recours à aucun copier-coller ni force lol et mdr, comme de poster, voire piqueter, quotidiennement, ses personnelles pensées propres à l’instant et celles de toujours.<br /> <br /> <br /> <br /> Il troue, certes. Mais, en vérité, pas n’importe comment. L’aspect de ce qu’il produit rappelle à s’y méprendre un graffiti des temps anciens. Qui n’aurait par conséquent rien à voir avec la culture hip-hop, quoi que... Les utilisateurs de logiciels de dessin, type Photoshop, etc., eux par contre, connaissent bien polices et images vectorielles. En effet, à chacun de leurs angles, et incidences, aussi aigus ou infimes soient-ils, ces éléments de langage informatique sont enserrés dans une guirlande ou chaîne de pastilles. Dont je ne connais pas le nom – que les experts en infographie me pardonnent. La plupart du temps de forme ronde, ces points d’attache permettent, à l’aide de la souris, transformations, dites homothétiques et diverses autres torsions, rotations, à partir de l’objet numérique d’origine. <br /> <br /> <br /> <br /> Lettrages, comme images, pourraient le cas échéant être figurés comme ci-dessous :<br /> <br /> <br /> <br /> .…………………... <br /> <br /> ……0-0.…...0… <br /> <br /> ……0..0…...0… <br /> <br /> ……0….0….0… <br /> <br /> ……0……0..0… <br /> <br /> ……0…….0-0…, représente la consonne N. <br /> <br /> ..…………………………………………………………….... <br /> <br /> <br /> <br /> ..……………………… <br /> <br /> ………..0-O……….. <br /> <br /> …….0……….0……. <br /> <br /> ……0………….0….. <br /> <br /> ……..0……..0…….. <br /> <br /> ………...0-0……….., concerne la voyelle O. <br /> <br /> ..………………………………………………………….... <br /> <br /> <br /> <br /> ..…………………………………………………………... <br /> <br /> ……0-0.…...0…….…..0-O………..0-0-0-0…… <br /> <br /> ……0..0…...0……..0……….0……..0……………. <br /> <br /> ……0….0…..0……0…………..0……….0………… <br /> <br /> ……0……0...0……..0……...0………….…0……. <br /> <br /> ……0…….0-0………....0-0………...0-0-0-0…… et NOS, <br /> <br /> première personne du pluriel, désigne l’adjectif possessif. <br /> <br /> ..………………………………………………………………………………………....<br /> <br /> <br /> <br /> Désolé, mille fois, à l’adresse de lecteurs dont le système n’afficherait pas correctement l’exemple graphique ci-joint. Néanmoins, que ces derniers se rassurent. Jeannot ne possède ni Internet ni Microsoft et peut-être les aurait-il dédaigné si d’aventure ceux-ci eussent alors existé … Oui, comme sa première chemise. Mais pas obligatoirement.<br /> <br /> <br /> <br /> En revanche, la référence technique qui lui est familière, et qu’il utilise durant l’exécution de son ouvrage, est elle pratiquée, en ce temps-là, sur la terre entière par quantités d’écoliers. Il est ici question de gravure – griffures ou marquages – sur bois. De fait, quel casier dans les établissements scolaires, quel placard ou porte et chambranle dans les couloirs, quel pupitre dans les salles d’étude, quel tronc d’arbre dans les cours de récréation, lequel de ces supports échappe alors à l’ardeur des cancres, des sentimentaux, et autres labeurs d’apprentis sculpteurs. Ainsi, avant que ne s’impose de toute part les matières plastiques, la détérioration qu’engendraient compas, ciseaux, canifs, faisait rage de partout. Sur bois comme sur pierre !<br /> <br /> <br /> <br /> C’est donc, là dans cette chambre, selon un procédé, en usage fréquent chez les enfants, mais pratiqué, par lui. Et avec la détermination d’un adulte, et à grande échelle, aux dimensions en fait aussi vastes que, parfois, nos propres désarrois, c’est ainsi, en fin de compte, que Jeannot recouvre entièrement de sa verve le plancher de cette pièce. Que Jeannot exécute, par-là même, l’œuvre qui lui vaut désormais une renommée sans frontière.<br /> <br /> <br /> <br /> Il réalise au demeurant un chantier que les spécialistes en la matière considèrent depuis lors telle une œuvre d’Art Brut. Et, selon moi, œuvre de première importance. Parce que nombre de compétences, sur Internet comme dans les revues spécialisées, s’est déjà prononcé sur la question, est-il cependant nécessaire d’expliquer ici ?, en quoi consiste ce courant d’expression que musées, historiens de l’art, journalistes, désignent sous le terme générique Art Brut. Dans l’éventualité où certains visiteurs des ND La Colline ignorent tout de cette créativité-là, ou bien à l’attention de qui la définition serait confuse, voire trop vague, suivez une fois encore le guide. Voici maintenant quelques repères très accessibles, qui précisent un peu les faits. Et qui ne s’opposent à aucune autre recherche plus avancée.<br /> <br /> <br /> <br /> Au cours du dix-neuvième, jusque dans la première moitié du vingtième siècle, à l’époque qui préconise le contrôle, de façon accrue, concernant certains comportements, qualifiés de déviances, et durant laquelle la société enferme dans les prisons, établissements à vocation sanitaire, hospices et hôpitaux, tout ce qu’il est convenu de désigner ordinairement sous le nom de : fous. Et de : folie. Il est apparu, alors, au contact de patients – certains d’entre eux, quant à dénombrer les plus talentueux –, que quelques uns, avec leurs mains, leur bouche, diverses parties de leur corps, que ceux-ci produisaient des choses et, ainsi qu’ils le démontraient à leur entourage, des choses, si singulières, si puissamment actives en leur for intérieur, qu’ils leur étaient impossible de ne pas les créer. Et choses qui cependant ne relèvent pas directement de l'art. Du moins, pas tel que celui-ci est académiquement défini.<br /> <br /> <br /> <br /> Avec l’accord de leurs auteurs mais pas toujours – est-il seulement possible d’en connaître la fréquence ? –, parfois donc à l’insu de ceux-ci, c’est ainsi que psychiatres, artistes, savants, amateurs avertis, familles de l’interné, plus souvent malgré lui, et spéculateurs bien entendu, recherchant, collectant, accumulant non pas des choses mais de véritables trésors, voilà comment particuliers et institutions ont constitué des collections d’œuvres d’art – dont certaines contiennent des chefs-d’œuvre. Ces objets, actions, écriture dans l’espace concernant Jeannot, ces ensembles, pour la plupart disparates et pourtant réunis autour d’une quasi cohérence, déterminent tous dorénavant les contours de ce que l’on désigne sous l‘appellation Art Brut. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais aussi Art Autre ou Art Autrement. Quelque fois sous la notation Art Élémentaire ou Informel. La diversité de ces noms indique à quel point il est difficile de parvenir à une définition, satisfaisante, en ce qui concerne, cette discipline ?, sinon cette créativité. <br /> <br /> À noter, parlant d’Art Naïf. Bien que certains représentants de ce courant, Art Naïf, travaillent eux parfois à la frontière de l’Art Brut, leur production, selon les spécialistes, ne s’inscrit pas dans la même catégorie que celle de Jeannot. Où le terme Art Brut est désormais celui qui est le plus couramment utilisé dans le langage médiatique mais aussi, artistique, thérapeutique comme muséographique. <br /> <br /> <br /> <br /> À ce propos, la France s’est incidemment faite remarquer par son incurie et incompétence dans le domaine puisque, durant ces mêmes années soixante-dix puis quatre-vingt, l’État a refusé l’offre qui lui était faite : accueillir une collection d’Art Brut, l’une des plus importantes au monde, que lui léguait la fondation du peintre Jean Dubuffet. Celle-ci en effet se trouve présentement à Lausanne au lieu de Paris ou ses alentours… <br /> <br /> <br /> <br /> Laissons la médiocrité atteindre et franchir une fois de plus un sommet. Qu’importe après tout car, tel un lot de compensation qui est exposé dans le Nord, il demeure, à Villeneuve-d'Ascq, l’Aracine, une collection d’Art Brut. De première qualité. Et retournons plutôt, voulez-vous, vers le génie et la créativité des art-brutistes (c’est ainsi que le secteur artistique nomme ces acteurs-là), revenons donc à l’œuvre de Jeannot en particulier. Laquelle, ainsi qu’on va le découvrir maintenant, n’a pas été épargnée, elle aussi, par les nuisances de l'imbécillité.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour ce faire, effectuons un saut dans le temps. Jusqu’aux années 2000. C’est alors, après arrachage hors de la ferme et de sa terre gersoise, que le plancher de Jeannot, arbitrairement débité en panneaux puis perché à la verticale, se retrouve à l’endroit qui est encore le sien, voilà peu, sur un trottoir du quatorzième arrondissement de Paris, par-devant le centre hospitalier Sainte-Anne. Y est-il toujours ? Je ne saurais dire. Je ne m’y suis pas rendu récemment.<br /> <br /> <br /> <br /> Poursuite du feuilleton. Épisode intitulé : Le Plancher de Jeannot Ne Parle Plus, dans lequel intervient dorénavant le personnage de Claire Pietra. <br /> <br /> <br /> <br /> Choquée par le traitement que réserve, à la mémoire de Jeannot, le promoteur de l’œuvre – un laboratoire pharmaceutique –, madame Claire Pietra interpelle alors deux médecins de ses connaissances. Qui, tous deux, exercent soit dans le centre hospitalier en question, soit dans le même domaine que ce dernier. Elle leur rappelle que l’œuvre a été conçue horizontalement. Et pour cause !, s’exclame-t-elle. En conséquence, ainsi soumet-t-elle à leur sagacité, puisqu’il faut présenter ceci au public, la moindre considération à l'égard de la vérité, ne consiste-t-elle pas à prendre inévitablement en compte cette configuration-là. À plat ! Sinon, à l’attention du public, que deviennent donc contenu et sens ?, se déversent-ils, là, dans le caniveau ? D’autre part, argumente-t-elle, il s’agit, en l’occurrence, d’une scénographie, qui met en jeu, et presque en scène, l’inscription d’un chant, lui déterminons-le comme archaïque. Sur un plan à l’évidence horizontal, un plancher. Contenu lui dans un lieu clos, une chambre. <br /> <br /> <br /> <br /> Ladite chambre de Jeannot, qu’est-elle devenue ?, s’esclaffe-t-elle. Pourquoi exhibe-t-on ainsi son intimité, comme si, nécessairement, il convient de l’éventer ?, dans un lieu, tel un courant d’air, ouvert à tous les passages, à toutes les circulations ! Comment, dans pareil bazar, peut-on oser exposer une mémoire aussi dense et aussi délicate à la fois !, aussi vibrante et poignante que celle-là. Ferait-on de même avec la chambre d’un président d’université ou de c.h.u. ? Assurément non, car chacun n’y verrait là qu’insignifiance. Voilà néanmoins indécence et trahison menée contre un artiste et son œuvre ! Pour comble, enchaîne-t-elle, le lit, ce meuble à partir duquel l'action puis au delà duquel l’œuvre s’est enfin élaborée, son absence, même, mutile déplorablement cette création de sa propre intelligence. Un manque qui lui retire sa raison d’être !<br /> <br /> <br /> <br /> Le premier professionnel de santé auquel Claire Pietra s’adresse, celui que d’aucun considère comme homme de l’art, voilà que, doctement, et comme à son accoutumée, celui-ci explique. Qu’il convient, quant à vous, Claire, de rédiger au mieux de votre talent, un courrier qui exposera ces arguments. Ceux-ci, professe-t-il, sont, en tous points, tous recevables. Usant de mon influence, laisse-t-il entendre, je transmettrai. À qui ?, s’agace la solliciteuse. À l’attention de quel chef de service. Œuvrant lui dans quelle administration. Depuis quelle photocopieuse qui se trouve dans quel couloir, au fond duquel le bureau. De quel sous-directeur du ministère ?<br /> <br /> <br /> <br /> Le week-end passe vite et gravement. Lundi matin, à la première heure, celle promue de fait garde œuvre-malade et auxiliaire de vie d’artiste, lui défunt depuis Étape Une, Saison Une, cette maîtresse des mots, donc, et de la langue, aussi, se présente à nouveau devant le spécialiste des affections psychiques et mentales. Lequel, sur la feuille que lui tend madame Pietra, ne déchiffre, là-dessus, aucune matière à circulaire administrative, du moins pas de celle qu’il escomptait tantôt faire remonter tout là-haut. À la place de ça, que voit-il ? Un poème !, se désole-t-il presque. <br /> <br /> <br /> <br /> Puis reconstituant l'indolence qui, en temps normal, le caractérise en toute circonstance, voilà tout à coup que, tranquillement, il s’enhardit –"Ma consœur – cette autre et deuxième thérapeute qu’il connaît bien –, a-t-elle vu ça, elle également ?, qu’en a-t-elle pensé ?<br /> <br /> Aussi réservée que définitive quant à sa façon de s’exprimer, la condisciple en question, après lecture, puis écoute, de ce qui vous est proposé là de découvrir, celle-ci, s’accordant alors un moment de réflexion, ensuite déclara –"C’est bien.<br /> <br /> <br /> <br /> À l’évidence, l’accrochage en pleine rue détruit l’intégrité de l’œuvre. Cet avis, C’est bien, lui sans appel, considère, du moins pensons-le : nos mots, Jeannot, telle une tentative de rassembler, à nouveau, les pensées qui, chemin faisant, se sont égarées, de recoller les morceaux eux définitivement dispersés. À l’image de ce poème-récit, la solution idéale, serait donc que l’œuvre de Jeannot, c'est à dire, pas seulement le plancher mais la chambre complète, que l’ensemble soit reconstitué puis restauré avec le soutien du commanditaire, sous la direction, non pas d’un fabricant de mobilier urbain, tel que c'est actuellement le cas, mais celle d’un conservateur de musée. Les bons restaurateurs d’autre part ne manquent pas. Les moyens financiers de ces marchands de médicaments, non plus.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Dernière recommandation avant de réapprendre nos mots, Jeannot. Si l’écrit de Claire Pietra, à l’éclairage duquel s’attache le commentaire, ne réclame lui aucune correction, tant rythme et forme narrative semblent aboutis, en revanche, sachez que l’enregistrement sonore de ce dernier a été effectué dans des conditions, et avec un matériel, des plus rudimentaires. Équivalant en rusticité de celui avec lequel le plancher fut autrefois gravé ! Inutile donc de nourrir-là quelques réserves. Quand bien même comparerait-on le résultat avec les performances des équipements sophistiqués auxquelles l’ouïe est désormais habituée, il suffit alors pour l’auditeur d’apprécier les imperfections de ce témoignage-là, celles que l’on m’a déjà décrites, comme force en elle-même et particularités organiques en sus.<br /> <br /> <br /> <br /> Et dernier mot en ce qui concerne mon propre apport. Est-il besoin de stipuler que si je raconte ainsi, dans le détail, ces anecdotes, c’est bien évidemment que j’entretiens une relation de longue date avec le sujet. En déduire, à mon égard, qu’au fil du temps, il s’est développé, entre ces choses-là et moi, une certaine affinité. Rien de moins qu’une relation privilégiée.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais également parce que, à l’exception du premier d’entre eux, Jeannot, dont l’existence est trop lointaine dans le temps pour que je le fréquente personnellement, je côtoie sinon, tour à tour, chacun des autres intervenants. Il m’est donné, aussi, de connaître les liens qui les unissent autour du blog – tel celui de cette laconique thérapeute de tantôt dont la réserve, m’assure-t-on, la prudence, la distance, aussi, suscitèrent en elles-mêmes la création de Rédac’orfil et les Nouvelles. Mais voilà départ vers une autre histoire qui sera, pourquoi pas, l’objet d’un nouvel article. <br /> <br /> <br /> <br /> Vu de l’extérieur, soit le point de vue de l’internaute, Les ND La Colline ressemble, parmi tant d’autres, à un blog de quartier. Rien qu’un de plus. En revanche selon ce que décèle le participant, l’abonné par exemple, eux reconnaissent, là, un réseau d’amis qui s’est constitué à propos et autour d’un oppidum urbain. Une colline chargée d’Histoire, aussi fameuse que bien d’autres plus célèbres encore. Où, non loin de laquelle, je menais, il y a peu, une précédente activité professionnelle.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Depuis longtemps déjà, je m’interroge quant au bon moment pour écrire cet article-ci. Parce qu’entendre une histoire, comme la lire, exige quelque fois climat de prévenance et calme alentour. J’ai réfléchi, aussi, longuement en ce qui concerne l’endroit, le plus juste, où le poster. L’origine, et surtout l’originalité de son sujet, la part que ce dernier a pris en moi au fil du temps, et ce jusqu’à ce mot-ci, sont toutes si particulières. J’ai de ce fait hésité à propos de quelles places lui conviendraient. Mieux qu’ici ?, ou ailleurs ? Tellement il y a d’autres possibilités sur la toile. Contenant interventions et approches qui s'apparentent également à celui-ci.<br /> <br /> <br /> <br /> L’opportunité que représente le cadre de Handi-Rencontres (1), voici le nom du site que j’évoquais plus haut. Et dont les coordonnées sont désormais inscrites dans le sommaire des ND La Colline. Il s’agit en effet d’un site de rencontres, réservé, et pas seulement, à l’usage de personnes en situation de handicap. Ouverture d’esprit, générosité de cœur, également, qualités qui caractérisent tant ses membres que Patrice Bernard (2), son administrateur, dit Patou. Et maintenant Rédac’Orfil et Les Nouvelles de la Colline, la présence et la disponibilité de tous – plutôt que de créer un autre lieu –, de ce fait, ont déterminé mon choix. Suffisamment polyvalents, précis et concernés à la fois, ces deux lieux offrent, par leur voisinage respectif, les emplacements, à mon sens, les plus appropriés.<br /> <br /> <br /> <br /> Par le soin de son initiateur, celui d’un membre de H-R et ami personnel, le sujet plus global sur la ligne duquel a d’abord été postée cette présentation-ci, ce premier lieu, donc, est intitulé par lui : Écouter avec son cœur. Comme alors aux visiteurs de H-R, à ceux désormais des ND La Colline, ainsi je leur redis : <br /> <br /> <br /> <br /> - Si tel est le souhait, à votre tour maintenant, d’ouvrir les yeux, aussi grands que possible, et de considérer avec cœur : nos mots, Jeannot. Cependant, ne dérangez surtout pas les trous.<br /> <br /> <br /> <br /> Amitiés. S.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Ps : Puisque sourd (et, parmi d’autres infirmités, muet), par conséquent n’étant pas en mesure de l’évaluer par moi-même, pour une meilleure audition, donc, oreillettes recommandées, me signale-t-on.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------<br /> <br /> Bien que déjà présentes sur le sommaire des Nouvelles, voici les adresses de :<br /> <br /> <br /> <br /> 1) - Handi-rencontres (site de rencontre, réservé, mais pas seulement, à l’usage de personnes en situation de handicap) <br /> <br /> www.handi-rencontres.fr/index.php<br /> <br /> <br /> <br /> 2) La Maison du Patou (Patrice Bernard, créateur, administrateur du site Handi-Rencontres. Et fondateur de La Maison du Patou) Centre d’accueil et de rencontres, en cours de construction, et lui aussi réservé à l’attention de personnes en situation de handicap<br /> <br /> www.la-maison-du-patou.com/
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