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Les Nouvelles de la Colline
13 octobre 2008

presque parfait

"presque parfait" lu

[ Tout, à son début ]

----- Message -----
Jeanne V. a écrit dimanche 8 juin 2008 à 04:05 am
Objet : retrouvé

Pad à qui,

C'est une verrière qui remplace l'ancien toit de la piscine « Edouard Pailleron ». Attendre la fin des travaux de rénovation, quelle patience il m'aura fallu, mon chéri ! J'y nage mes deux heures de longueurs depuis le jour de l'inauguration, comme tous les dimanches matins, avec bonheur.

Visage sangleté de lunettes pour soudeurs, face à la verrière portée par six arceaux métalliques, je rédige ces lignes à l'aide de mes bras balancés. Sept traverses s'élancent de part et d'autre des poutrelles médianes, lignes de portées musicales sur lesquels s'inscrivent les multiples reflets de nageurs obstinés, où se fixent, aussi, mes pensées qui te sont adressées et segmentent mon dos crawlé, immergé en ce monde carrelé.
Un système d'obturateurs à claires-voies orientables règle l'intensité lumineuse de cette matinée printanière, fragile. A mesure que le ciel s'obscurcit, la verrière perd de son éclat, se confond avec le ciel gris, apparaissent, ainsi, à sa surface : les reflets clair argent de l'eau frappée par les projecteurs, les tracés ondulants tout au fond du bassin ou sa bordure interrompue en angle droit pour faire place aux plongeoirs alignés, plots d'excellence.
Je renverse légèrement la tête vers l'arrière. Ma silhouette, allongée sur l'eau, soulignée par la tache sombre du maillot, par six fois, s'affiche sur les écrans, alors que se détachent dans les remous, à une courte distance, mes deux palmes orthopédiques, deux palmes ou douze si nous les comptions ! Les sextuples images des autres baigneurs, pagayant avec fracas, s'entrechoquent avec les miennes à l'intérieur des six cadres miroitant au plafond.
La pluie éclabousse la voûte vitrée mais quelques battements plus tard, balance lumineuse refaite en faveur du plein jour, des corbeaux, pour quelques instants, troublent le ballet d'ensemble, puis, disparaissent bien avant les lointains nuages, ces impies, en verticales accroches, quasi fixes, draps tendus, au dessus de mes menus secrets.

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Sous ces sept traverses de portées musicales, de part et d’autre de l’axe médian, sur lesquels s'inscrivent les multiples reflets de nageurs obstinés, et qui segmentent mon dos crawlé, immergé en ce monde carrelé, je m’élance.

Autour de la terre, trente trois mille fuseaux horaires,
Google-earth on board is driving me so freaky.

La coupole perd de son éclat, se confond avec le ciel gris, apparaissent, ainsi, à sa surface : les reflets clair argent de l'eau frappée par les projecteurs, les tracés ondulants tout au fond du bassin, sa bordure interrompue pour faire place aux plongeoirs, plots pour prix d'excellence.

Autour de la terre, trente trois mille fuseaux horaires,
Google-earth on board, I’m becoming a bit whacky.

Se détachent dans les remous, à une courte distance, mes deux palmes orthopédiques, mes deux palmes ou douze si nous les comptions ! D'autres baigneurs, pagayant avec fracas, croisent à l'intérieur de ces six caissons miroitant au plafond.

Autour de la terre, trente trois mille fuseaux horaires,
je parcours le monde, vingt mille mètres/secondes.

La pluie éclabousse la voûte vitrée. Des corbeaux, quelques instants, troublent le ballet d’ensemble, puis, disparaissent bien avant les nuages, verticales accroches, quasi fixes, draps tendus, au dessus de mes menus secrets.

Autour de la terre, trente trois mille fuseaux horaires,
Nijni-Novgorod, Sumbawanga, Fianarantsoa

Une verrière remplace l'ancien toit de la piscine « Ed. Pailleron ». Attendre la fin des travaux, quelle patience il m'aura fallu, ma chérie ! J'y nage en longueurs mes deux heures de bonheur par jour depuis l'inauguration.

Autour de la terre, trente trois mille fuseaux horaires,
en plongée satellite même si immobile.

Je renverse légèrement la tête vers l'arrière, je rédige ces lignes à l'aide de mes bras balancés. Ma silhouette, allongée sur l'eau, soulignée par la tache sombre du maillot, par six fois, s'affiche sur les écrans.

Autour de la terre, trente trois mille fuseaux horaires,
je m’envoie en l’air, avec toi, mon overprose. (ter)

Texte : Claire Pietra, « Rédac’Orfil »
Musique : Grégory Casal

[suite]

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